Jeju, sous les toits  ; sweet dreams
Un chat qui se frotte à ses jambes.
Des lumières qui vacillent.
Des vents marins et une nature morte de ville portuaire.
Le décor est familier. A ses oreilles, les mots sonnent comme un sermon chrétien: "Tu sais pas à quel point c'est important de bien la sécher putain". Jae; lorsqu'il fumait, il pouvait être aussi poétique qu'un curé et aussi vulgaire qu'un prisonnier, les deux superposés dans un étrange mélange auquel elle finissait par s'habituer. Son Jae, Il était comme une figure mythologique: il n'existait qu'à travers l'univers qu'il s'était construit, un pan de réalité où les vents chauds roulent sur le grain de peau. Le réel flanche et tout bascule dans une autre dimension, les mots ne sortent plus qu'enroulés dans leurs voiles libertins et il ne reste que leurs coeurs affamés pour s'en rassasier. Dans un monde ternit où la révolution gronde sans plus leur soulever un sursaut d'ennui. Ils vivent de ces moments de flottement où leurs bulles est solide de leur égoïsme, imperméable de cette touche de mépris. Sous les toits de Jeju, Suzy retrouvait le vieux Paris, des nuits à l'infini à se représenter la prise de la Bastille.
A tout reconstruire à coup de "Et si".

Alors tous les deux, peut-être finiraient-ils par faire leur propre révolution, à vivre définitivement hors des conventions... Comme J. M. Barrie avait un jour construit le pays imaginaire, une utopie de façade aux dessous pervertis où le héros se révèle être le véritable salopard de l'histoire. A brûler ce qui ne convenait pas et ne conviendrait jamais, en sirotant un de ces cocktails au champagne qui étourdissent juste ce qu'il faut. Et se laisserait doucement griser par la délicatesse d'un travail bien fait.
Une renaissance qui s'amorce sur les cendres d'une destruction.
     
   Jeju, l'amoral  ; dirty stranger

8.30PM, Bo Yung (sent): Tu vois Sully, tu devrais essayer de t'adapter, de moins te faire remarquer. C'est cool que Tae t'ai demandé de sortir avec lui, franchement c'est moche d'avoir refusée, tu sais, t'es pas si demandé.

Ca sonnait toujours comme ça. Soucieux mais présomptueux, condescendant mais complaisant. Presque amical, presque banal. A travers le désordre de son adolescence, Suzy elle avait finit par s'y faire.
C'est aberrant, de se dire que c'est pas si grave, toute cette insolence.
Il y avait déjà plus méchant, là, c'en devenait presque touchant.
C'est superficiel, cet attrait que tous avaient pour le paraitre, cette volonté qu'elle s'intègre comme eux le voudraient et non pas comme elle, elle le souhaitait. A abandonner ses racines pour adopter les leurs, parce que son arbre à elle jurait avec le leur. De ces nanas à la langue trop pendue et avec de la franchise à revendre, qui ne grimace pas devant un homme pour prétendre être faussement mignonne. Ces filles un peu vulgaires et le rouge vif de leurs rouge à lèvre, qui boivent dans la chaleur des parcs, qui mettent des beignes, qui dansent sur les toits. Pourquoi t'es comme ça? C'est ce qu'ils aiment demander, comme si elle représentait tout le noyau de leurs anormalités, de tout ce qui ne pouvait fonctionné et  qu'ils s'empressaient de rejeter.
Suzy qui ne ressemble à personne ici. Enfant d'ailleurs, de là où l'amour se célèbre, où on rit face à l'adultère parce que tous les jeunes s'embarquent toujours dans la même la galère.

8.35PM, Suzy (sent): Et si t'allais te faire foutre pour voir?

Mais suzy, les parasites, elle les efface.
C'est aussi simple que ça.