Alcool dissipé dans les veines. Absence de martèlement contre les tempes, contraire à ce que la normalité voudrait crier par-dessus ton sommeil de bébé inébranlé. Réveil en douceur, lent et paisible, lové dans le silence des lieux puisque tu sais ton frère certainement déjà dehors pour ses cours du matin. Bouche un peu pâteuse, tu noies la sensation désagréable avec la bouteille d'eau qui jonche la table de chevet. Félin tiré de Morphée, tu prends le temps de t'étirer, de remettre en place les muscles malmenés pendant la nuit d'ivresse dont il ne te reste que des bribes rapides de souvenirs entremêlés dans la brume qui nappe le reste de ta mémoire floue.  

Réalisation soudaine, vague rappel qui te pousse à chercher ton lit à tâtons même s'il va d'évidence que tu aurais bien vu si tu n'y étais pas seul. Solitude indéniable, tu quittes ton lit, fraîcheur d'une rose inexplicable dans ton pyjama qui t'a probablement été enfilé de force. Bruits de tes pas en écho dans le vaste penthouse, tu descends l'escalier vers l'étage inférieur où tu ne rates pas la silhouette endormie sur le canapé. Prince charmant enveloppé par le monde des rêves. Esprit paisible, traits détendus. Une beauté assoupie qui tiraille les entrailles vers ces désirs affectueux auxquels tu résistes bien mal. Ce n'est que physique. Toujours. Rien de plus. Déni de ces sentiments qui picotent encore sous la peau, qui démangent les nerfs jusqu'à rendre fou. Les vagues échouées sur le rivage de ton entêtement pour être aussitôt balayées vers le lointain tandis que tu coupes court à ton admiration silencieuse, ayant eu espoir que le sixième sens le tire de son hibernation. Plan B qui se met en marche, silhouette qui se glisse sur la sienne pour s’asseoir dessus avec la moue qui tire sur les lèvres. Énergie puisée des tréfonds de l’enfer où tu sembles parfois venir, doigts qui tapotent contre son torse habillé en espérant que ce soit suffisant, mais la bûche est lourde. Masse inerte, respiration lente et constante qui soulève la cage d’un rythme régulier. Agacement lisible sur ton visage, les yeux roulent avant d’échapper un soupire. Des caprices, des exigences. L’impatience qui se dessine juste la seconde précédent l’action de lui placer un bisou contre le front, contact coupé de moitié avec quelques mèches de cheveux.

Remerciement silencieux face à l’évidence qu’il a été ton secours dans la tempête, que c’est lui que tes doigts magiques ont cherchés dans ton téléphone après un ou deux verres de trop. L’instinct qui se penche vers un premier choix qui ne devrait pas être Soojin. Pourtant, il y a ce petit bonheur qui réchauffe l’âme, la réalisation qu’il a cédé, encore une fois. Roue qui tourne, roue sans fin cloisonnée dans un cercle vicieux si bien huilé par tes souhaits. « Bon matin. » Vie qui s’anime, sommeil qui s’efface peu à peu de l’être sur lequel tu restes sagement installé à califourchon. « Laisse-moi deviner. » Yeux encore mi-clos que tu l’assailles de ta voix, ne laissant aucun répit. « T’es venu me chercher, t’as eu toutes les misères du monde à m’envoyer dormir, puis t’as préféré dormir sur le canapé ? » Alors que ton lit est suffisamment grand pour deux, l’expérience répétée des centaines de fois entre lui et ton jumeau dans deux contextes bien différents. « Qu’est-ce que je ferais sans toi pour me ramener à la maison ? » Question rhétorique, la réponse placardée sous ta peau, ancrée dans le sang, mais toutefois ignorée avec la violence de l’ouragan.  

la caresse volatile s’invite aux pays des songes. des doigts invisibles trouvent destination sur ta peau réchauffée. douce rêverie à laquelle tu t’accroches vainement.
l’abysse chimérique embrasse la réalité, liant les deux mondes dans un seul corps. le tien. le contact chaleureux, la douceur du baiser apposé sur ton front. la ligne d’un sourire candide qui se dessine. la pesanteur d’une nuit trop courte engourdie chacun de tes membres, la bataille qui se déroule intérieurement. encore quelques minutes de répit. refus catégorique de ton environnement.
le brouillard peu disposé à se dissiper. tes pensées s’emmêlent ; où se termine le rêve, où débute la matinée. sa voix se fait une place au coeur de ce chaos, doucement tes paupières se soulèvent. lourde d’un sommeil agité. couvert de chaleur humaine, tu peux te passer du tartan de laine qui t’a pourtant été vital cette nuit. taon poing vient se frotter contre ton oeil, puis l’autre. tentative vaine de te ramener sur terre.

devant toi se présente un oiseau de paradis à la mine fraîche et pimpante, vierge de l’ébriété qui le possédait il y a quelques heures de ça. tu te demandes si tu n’as pas imaginé toute cette mascarade. la fatigue qui te plombe est là pour te rappeler votre danse comique de la nuit précédente. lui, le verbe aisé et le toucher facile, ses mains qui se baladent sans gêne contre ton corps à sa disposition. le coeur battant, l’âme tremblante, tu t’es battu pour ne pas lui succomber. ta volonté comme seul bouclier, alors qu’il t’assaille de sortilèges envoûtants. le fourbe.
faire redescendre la pression, l’excitation, t’a privé d’un repos réparateur. des heures de sommeil volées, à peine consommées. les cernes qui s’assombrissent un peu plus, tu as troqué ton confort pour le sien. peu importe.  

tes mains se posent naturellement sur le séant de ton ami. ravissement. le dessin de son visage s’offre à ton regard brumeux. vision idyllique. les regrets matinaux envolés. « je devrais être payer pour mes loyaux services. » l’engrenage des cordes vocales enroué, les syllabes se cassent sur le rivage de tes lèvres. « sans compter la main d’oeuvre. » c’est une chorégraphie bien ficelée, à laquelle tu dois t’adonner de temps en temps. tu connais chacun des pas sur le bout de doigts, ne pas tomber dans les pièges qu’il te tend. tu te tiens prêt à tout.
tu profites de votre instant de complicité. son attention porté sur toi. rien que toi. « tu dormirais sur les trottoirs. » une pointe d’humour accompagné de gamin malicieux.
tu n’as jamais manqué à l’appel. tel un chevalier servant, tu accours à son secours. services rendus, la fibre du héros coule dans tes veines. le murmure étouffé des sentiments ignorés. tu te laisses mener à la baguette.
proie facile enchevêtrée dans la toile tissée des espoirs brûlants.
« je vois que notre prince a bien récupéré de son ivresse de la nuit dernière. » la distinction évidente, tu peines à rejoindre les bords d’une conscience éveillée quand il scintille d’un entrain vif. une légère tape sur le haut de sa cuisse pour t’assurer une dernière fois de sa présence physique.

L'attachement en évidence contre ton gré. Incapacité de garder tes doigts pour toi, réalité qui n'a rien de nouveau. Habitude de te brûler en supprimant la douleur de tes songes, le besoin de voir son sourire, de l'entendre prononcer ton nom. Moment égoïste par lequel tu le tires de son sommeil, tu traces visuellement la courbe de ses cernes comme témoignage muet de la fatigue que tu lui infliges par tes caprices que tu ne sais conserver loin de lui ou, tout de moins, apprendre à les orienter quelques fois vers d’autres victimes. Mauvaise mine, plus amoché que tu ne l'es par la nuit qui précède de seulement quelques heures, mais le cœur n'y voit aucun inconvénient tant et aussi longtemps qu'il est là. Sous le même toit. Juste sous les doigts, disposition silencieuse par le fait que Soojin a préféré rester au penthouse que s’en retourner chez lui une fois sa mission accomplie. « Être payé ? Tu n'as qu'à réclamer ton salaire. » Il n'y a pas d’allusion à l'argent qui se laisse entendre derrière ton grand sourire. Besoin charnel, le retour constant vers Soojin en te convaincant que ce n'est qu'une amitié moderne agrémentée d'une partie plus enflammée une fois les rideaux tirés. Les mots ne sont jamais précis, l’ambivalence qui flotte dans les airs dans un rappel que rien n’est inscrit dans la pierre. Interprétation libre qui retombe dans les sentiers battus sans la moindre variante. Pluie éternelle qui revient à sa rivière en refusant d’aller voir l’océan.

Moue nouvelle qui se dessine, tête qui s'incline vers la droite et le regard qui se perd dans le sien. « T'as une piètre confiance en mes talents pour me ramener moi-même jusqu'à mon lit. » La véritable réponse à ta question est évidente. Nul n'est irremplaçable, pas même vous deux. Pourtant, l'âme se languit de savoir qu'il est le prince charmant à la fin de l'histoire. Le héros de tes nuits éméchées ainsi que de celles plus tranquilles ou la solitude te frappe de plein fouet en l’absence de ton jumeau. La douceur de son attention comme berceau de ton bien-être, Soojin l’humain trop parfait. Trop bien pour toi. Pourtant, la griffe bien plantée dans sa chair l'empêche de briser les ponts avec ton esprit gâté. Le rend inapte à se défaire de cette emprise instaurée que tu nourris avec assiduité afin de ne pas le voir se défiler.  

Commentaire sur le métabolisme grandiose dont tu as hérité, c'est la main sur ta cuisse qui te fait le plus plaisir. Tu la couvres de tes doigts, chaleur paisible, agréable. Signe affectif auquel tu ne vois pas plus loin que ton nez, chérissant simplement ce moment réservé que pour vous. « On dirait surtout que c’est toi qui a pris un coup. » Main libre qui vient attraper la courbe de sa mâchoire contre ta paume, pouce qui caresse la peau de sa joue en accompagnant le geste d’un bris de barrière qui se lit derrière les iris. Un moment égaré, l’effluve amer d’un souvenir passé qui effleure la gorge dans un rappel à l’ordre qui pousse à cligner des yeux afin d’en effacer la lourde tendresse qui s’y trouve. Ami avant tout, trop souvent objet de désir, complicité certaine tissée à travers les années. « T’as cours à quelle heure ? » Coupure brusque, contact contre son visage coupé soudainement pour venir se poser à plat contre son torse couvert de sa chemise. Le premier bouton termine entre tes doigts, jouant distraitement avec celui-ci en attendant la réponse afin de déterminer si le temps alloué est suffisant.  

Bien réel le cavalier de tes songes, de toute sa hauteur il te scrute. Tu n’échangerais cette vision pour rien au monde. Pensée interdite que tu t’autorises à laisser vaquer dans un coin de ton esprit. Réalité à porter de main et pourtant insaisissable. Tu t’accroches à l’espoir que votre situation changera ; pour le meilleur.
L’ombre de la fatigue tire les traits de ton visage. Or le réveil doux ouvre l’opportunité à la bonne humeur malgré le sommeil absent. Il hante tes nuits comme tes journées, fantôme de tes désirs. C’est un secret que tu gardes pour toi, bien que ton comportement laisse transpirer tes intentions. « tu sais comment verser mon salaire. » clin d’œil complice.
la ligne de ton sourire s’étire un peu plus. l’amusement partagé, les images de la veille se bousculent au portail de ton esprit. tu ris. pas le même rire gêné d’hier soir alors que minhyuk se trouve à proximité. le tentation de lui céder aussi. ses gestes toujours calculés malgré l’alcool. il te connaît trop bien. « je pense que tu ne te fais pas confiance. » il est celui qui sonne l’alerte, celui qui cherche ta main pour l’accompagner lors de ces soirées arrosées.

bourgeon fringuant de jeunesse. il t’ensorcelle de sa simple présence. tu es prêt à tout lui pardonner. ange dépossédé de ses ailes. tu voudrais lui dire comme tu aimes l’avoir pour toi ce matin. son regard ténébreux accroche le tien. tu es captivé. il a ce pouvoir sur toi, la main mise sur des sentiments désordonnés. « j’ai été victime des manigances de ton alter ego. » ballet trop souvent exécuté, tu ne sors jamais indemne de ses caprices enivrés. aucune exception. les cernes marquées, la conscience vaporeuse. ton corps cherche désespérément à se raccrocher à la lumière, alors que la pesanteur d’un repos lacunaire te plombe.
tes doigts se mêlent aux siens, s’unissent paisiblement. douceur matinale, entente sereine. il est ton ancre.

une étreinte chaleureuse à laquelle tu as envie de céder. la tiédeur de sa paume contre ta joue, un signe d’affection apposé contre ta peau. tu ne dis rien. tes paupières se ferment pour profiter de cette sensation unique. juste ça et rien que ça. il y a comme un message crypté derrière ce geste. tu n’oses pas le déchiffrer. tu as trop peur de te tromper.
tendresse rompue, moue passagère alors qu’il te prive de cette intimité singulière. trop ouvert, trop honnête. le ton change. un échange dans la norme, dans l’état de votre relation actuelle, rien qui ne vous rapproche de ses émotions à fleur de lèvres.
un pas à l’orée du désir. un coup d’œil rapide mais franc sur ses lèvres. des boutons de roses à cueillir. tes intentions filtrent. pas de censure.  
le souffle s’accélère ; réponse automatique. l’effort terrible de contenir le besoin de plus. le besoin de lui. contact brisé alors que tu récupères ta main afin de vérifier le cadran sur ton écran de téléphone. 7h02.
« environ une heure et demi. » les plans de la journée te reviennent en pleins visage. un emploi du temps chargé, des heures de plaisirs sans fin. frustré par cette boule au ventre, tu rejettes ton crâne violemment contre le coussin. « je dois passer à l’appart avant d’aller en cours. » nourrir le chat en l’occurence. récupérer tes affaires de cours. enfiler du linge propre aussi. avoir au moins l’air présentable derrière cette pâleur vampirique.
tu comptes le temps qu’il te faut et tu sais qu’il manque.

Évitement constant de l'évidence, refus d'accepter l'envie de plus que la satisfaction des désirs. Paroles échangées en gage de promesses superficielles, des propos tenus pour garder la flamme vive à défaut de vouloir la laisser mourir en paix. Une valse routinière, des habitudes profondément solidifiées. Les remerciements donnés via la chair, toujours, dans l'espoir de ne pas s'attacher au-delà du lit. Des mensonges si bien de l'avant qu'ils sont devenus invisibles, meubles du décor devant le regard qui ne remarque plus leur présence.  

Clin d'œil de sa part, sourire sur tes lèvres qui veut tout dire et rien à la fois. Des intentions divulguées au grand jour sans avoir recours à la parole, mais tout de même le temps de se livrer à une vague communication. L'amitié en première loge, rapidement oubliée à la moindre opportunité.  

Et il a raison, Soojin.  
Tu lui portes davantage confiance qu'en toi-même. Douce mélodie dans la nuit, sa présence rassurante qui ramène au bercail sans que rien ne t'arrive de bien tragique. Une menace potentielle si seulement il était moins gentil, sauf qu'il est l'opposé de la mauvaise intention. Émotions au bord des lèvres ravalées, le déni qui revient se mettre en travers de la route lorsque la boisson ne vient pas le ligoter dans son coin. Alter ego. Cette chère personne que tu es, dont la mémoire s'efface au rythme des minutes. Alter ego, celui qui déverse un charabia de belles paroles, de mots doux qui font rosir la peau lorsque tu te souviens des déclarations, la main baladeuse qui ne connait aucune limite. « Mes sympathies. » Manque de sincérité, sourire espiègle accroché au visage. L'intention de poursuivre ce qu'il a refusé à ta personne intoxiquée par l'alcool bien présente.

Question de formalité, espérant entendre la précieuse réponse capable de faire ronronner l'âme, de mener à une jubilation brève et naïve quant à la direction à prendre pour ce début de matinée. Ce qui n'est pas le cas cette fois-ci. Délai déjà court, des nécessités en plus qui laissent comprendre qu'il devrait même prendre la poudre d'escampette maintenant s’il ne veut pas être en retard à l’université. Grimace qui remplace, agacement évident alors que tes doigts ont défait le premier bouton de sa chemise. Un soupire te traverse, épaules qui s'affaissent dans une dramatisation et le regard qui se porte au plafond l'espace d'un instant. « Il est important ton cours ? » Probablement. Tous les cours le sont, tu le sais. Bien placé pour connaitre l'importance de chacun d'eux. Pourtant, tu demandes, frustration évidente derrière les mots. Le temps manque, les opportunités se font rares – souvent par la faute de tes priorités.

Yeux qui redescendent, se posent sur lui en cherchant les siens. S'y glissent avec la transparence de l'envie de sa peau, de cette chaleur qui manque à tes draps, des interdits qui se murmurent qu'entre quatre murs et une porte bien fermée. Le désir est plus profond que la superficie charnelle qui brûle juste sous la peau. Plus important encore. Noyé dans les battements du cœur qui veut hurler ses amours de jeunesse encore bien existants. Barrières déployées, incapable de voir ce qu'elles renferment, mais le regard ne ment pas. Le faux énervement face à la situation n'est que voile léger devant les millions d'envies qui s'y accumulent. « Reste. » Moue renouvelée, mauvaise influence soulignée dans les doigts qui viennent s’en prendre au second bouton de sa chemise. Et encore une fois, les promesses silencieuses cascadent derrière les gestes.

jovial tête à tête, les pensées de cotons qui se tissent tandis que le soleil brille sous tes yeux fatigués. malgré la fatigue, malgré la pesanteur, tu lui souris.
tu jalouses son énergie, mais tu acceptes ta pénitence sans regrets. l’amusement rythme votre échange et tu aimes le ton naturel qui s’en dégage. sourires en coin, satisfaction partagée. il se moque bien de t’avoir torturé la nuit passée. ce n’est pas la première fois, et certainement pas la dernière, pas la peine de se mentir.

la réalité reprend son autorité pérenne tandis qu’il s’amuse à te défaire de ta chemise. le premier bouton abdique.  
le stress du quotidien s’immisce dans ce moment de complicité. les différentes responsabilités qui cadencent ta vie te reviennent. au milieu de ce chaos, minwoo. refuge au milieu de cette tempête de préoccupations. abri temporaire, l’illusion de se soustraire au règlement.
la frustration, le regret, le besoin de faire durer encore quelques minutes cet instant si particulier. chaque seconde passée sous le joug de sa tendresse te donne le sentiment d’appartenir, de trouver ce que tu désires pleinement.
mais il faut partir. il faut te lever et admettre l’état de votre relation à l’heure actuelle, peu importe le prix à payer.

tu es de ceux qui prennent fierté à être régulier, à faire acte de présence de façon invariable. tes études sont trop importantes à tes yeux, et pourtant.
pourtant lorsqu’il te demande l’importance de ce cours, tu n’es plus certain que cela en vaille la peine. c’est une bataille constante à laquelle tu es soumis. tu sais qu’il joue de son influence, car il sait très bien que tu y es sensible, vulnérable. il est ta kryptonite. « je pense. » tu n’arrives même pas à te persuader toi-même, alors que tu es bien conscient qu’il faut que tu quittes ce canapé, et le quitter lui.
c’est un caprice de sa part et de la tienne. tu veux protester. pour ça, tu clos tes paupières, que tu frottes doucement du bout des doigts. s’en suit une grande inspiration. or tu n’as pas le temps de répliquer, sa voix s’élève et d’un seul mot, fauche le semblant de courage rassemblé pour lui faire face.

incitation irrésistible, ton souffle se coupe le temps d’une seconde. tu es prisonnier.
la raison qui se débat, la raison qui cogne aussi fort que les battements de son cœur lorsqu’il prononce reste. ordre délicat, maquillée derrière la tendresse. la promesse d’une récompense charnelle, juste un peu de lui et de toi. reste ça raisonne contre tes tempes, plus fort que tes devoirs en tant qu’étudiant, que la volonté de t’absoudre de son emprise. l’argument est clos.
« D’accord. » abandon le plus total. tu ne sais plus lui dire non, peut être que tu n’as jamais su. ses mains s’amusent à libérer le second bouton de ta chemise, tu le laisses faire. comme un aimant, les tiennes remontent lentement le long de ses cuisses afin de se poser sur les hanches de minwoo. elles glissent sous le tissu de son haut, apposent leur tiédeur sur la chaleur de sa peau. le regard qui se perd dans le sien, envoûté.
elle gronde la soif de l’autre, elle s’embrase la brûlure du désir au creux de tes reins.

Tentation déployée, les doigts légers contre sa chemise dans un mouvement entre deux eaux qui patientent tout en progressant à la fois. Ignorance de la réalité de l'autre côté de la porte, refus d'abdiquer aux obligations du quotidien, de penser à l'avenir. Monde extérieur mis sur pause. Seul le présent compte à tes yeux, pour unique intérêt cet instant bien réel et ces idées impures qui cherchent satisfaction. Il y a une hésitation dans sa voix. Une ouverture, une faiblesse mise à découvert pour que tu puisses en user.  

Il devrait quitter les lieux, vaquer à tes occupations quotidiennes. Il ne te doit rien, aucun sacrifice, encore moins celui de placer ses études sur le côté juste pour passer un peu plus de temps avec ton être égoïste. Pourtant, le courage nécessaire pour quitter cet endroit lui manque, incapable de refuser ce que tu veux cueillir. Juste un peu d'amour, tendresse interdite aveugle. Des étreintes habituelles, l'esprit purement platonique qui brille par son absence.

Mot unique employé, la volonté du bon étudiant qui se brise en un instant et le sourire triomphant prend ton visage d'assaut. Sa chemise perd l'emprise d'un second bouton. Ses mains s'activent, remontent, accord silencieux des évènements à venir avant que tu ne courbes le dos pour aller presser tes lèvres contre les siennes. Passion mal dissimulée, sentiments barbouillés dans l'échange peu Hollywoodien du mélange matinal. Dérive naturelle, confortable, doigts qui quittent sa chemise pour venir frôler la peau du profil de son visage à défaut de pouvoir user de la seconde qui te sert de balance. Fantôme de ses lèvres imprimées contre les tiennes, te redressant juste assez pour lui décerner un sourire trop sincère. Trop. Le cœur tambourine, l’échine terminant de reprendre position initiale afin de venir te saisir ses mains sous ton haut. Soudaine fraicheur laissée par l'absence de sa chaleur, tu en ignores cet effet pour plutôt le trainer avec toi en quittant le canapé.  

Paroles inutiles, pas besoin d'en faire l'utilisation pour indiquer la suite, pour présenter le chemin à prendre. Joues colorées, pupilles dilatées, signes qui ne trompent pas et les mains qui le tirent dans ta direction. Doigts liés, ouvrant le chemin jusqu'à ta chambre au deuxième pallier et la porte qui se referme sans hésitation. Attraction amplifiée, mouvement qui se poursuit jusqu'au lit où il te faut une fraction de seconde avant de te décider à savoir ton prochain geste. Choix rapide, redevant envers ton chevalier que tu entraines au-dessus de toi dans une fausse incitation au contrôle que tu ne lui donnes pas. Jamais. Incapable de lâcher prise sur ce point en dépit de tes efforts, caractère trempé qui empêche cette acceptation complète.  

Envie dans les veines, ce désir de passer directement au vif du sujet. Débat entre le sang et l'âme, entre le désir et l'amour qui veut trouver sa part du gâteau, qui veut également tirer satisfaction de l'instant malgré les interdits. Mauvaises habitudes, barrières qui s'affaissent en intimité, en vie privé. L'impression de proximité créée par la pièce close bien que grande. De longues secondes à apprécier sa vue, son existence. Mots au bord des lèvres, propos niais refoulés par peur, par entêtement, par conviction.

contrôle abdiqué, il se satisfait de sa victoire. un sourire triomphant plaqué sur le visage, une expression qu’il arbore trop souvent, que tu lui consens trop facilement. une bataille que tu as longtemps cherché à gagner, jeu de force auquel tu as du renoncer.
le silence chargé d’intentions. les regards qui se cherchent et de comprennent. du bout des doigts tu caresses sa peau trop couverte.
la fatigue semble lointaine, exilée. tu es revigoré lorsqu’il se penche vers toi, sa bouche savoureuse contre la tienne. aucune réticence malgré les dégâts du matin. l’empreinte de ses doigts sur ta joue t’emmène à amplifier votre échange.
grisé, la fougue audacieuse qui prend le relais. les regrets seront pour plus tard.

le poids de son bassin se soustrait au tien au moment où il se sépare de toi. esquisse d’une moue boudeuse, aussitôt envolée alors qu’il t’embarque avec lui. les coussins et la couverture se retrouvent au sol sans le moindre remord. tu te laisses guider, bien que tu connaisses ce parcours par cœur.
les responsabilités laissées au pas de la porte.
la chambre close. les murs comme seuls témoins. une pièce chargée de vos secrets, de vos aveux murmurés. des propos suspendus, mais surtout des promesses abandonnées sur les draps.
   
il t’attire vers le matelas, contre lui. rôles inversés, conformité troublée. il n’y a plus que lui, ton attention restreinte à sa personne, ton monde qui gravite autour du sien. tes lèvres vont cueillir les siennes, boutons de roses désirables. la douceur d’une nuit d’été, la chaleur dans les veines. une tendresse avérée.
son corps sous le tien. une soumission sous conditions. l’illusion de le posséder. sa rétribution pour le mal que tu t'es donné.
lui qui d’une seule parole parvient à te faire plier, toi qui d’un seul regard lui appartient.
tes lèvres tracent un chemin, quittant le berceau de tous tes désirs. un itinéraire familier, chéri. tu redécouvres avec avidité le contour de sa mâchoire, la courbe de sa gorge, le segment anguleux de sa clavicule. sentier balisé par chaque baiser déposé sur sa peau jusqu’à la délimitation de satin dérangeante.  

barrière de tissu que tu t’affaires à faire tomber. les boutons de sa chemise se délient sans difficulté, un par un, découvrant peu à peu la pâleur de son torse. chair révélée, appétit corrompu. le souffle chaud d’une soif ardente. la fièvre incandescente se répand, elle devient maîtresse de tes pensées, de tes actes. l’envie de lui qui se décuple, le besoin même de se lier à lui. ta main qui sillonne les lignes de sa peau tout juste dévoilée, elle glisse lentement pour se saisir de sa cuisse, que tu remontes.  
l’intimité sans limites, dans tes yeux le désir inassouvi d’une affection interdite. minwoo comme amant, minwoo comme complice. pupilles dilatées, convoitise transparente. il peut lire dans tes prunelles que rien de tout ça n’est anodin, que tes intentions sont le fruit d’une inclination romantique. si les mots pouvaient s’affranchir de la censure émotionnelle alors tu lui avouerais à quel point sa simple vue t’exalte.