« j’habitais la maison à côté la sienne, du coup je le voyais souvent ; je me souviens qu’un jour, j’ai vu des gamins de son école devant chez lui, ils lançaient des oeufs pourris sur sa baraque et répétaient en boucle « jamie la pédale, jamie la pédale » … ils avaient quoi ? treize à quinze ans ? c’est bête un gamin à l’âge là et cruel surtout ! le petit james, il était sur le pallier de la porte, à nettoyer les saloperies à mesure qu’elles se multipliaient et j’peux jurer sur la Vierge qu’il pleurait pas - il avait le visage fermé, comme si il entendait et voyait rien !  à y réfléchir, je l’ai jamais vu réagir à quoique ce soit - une ou deux fois, je l’ai vu sourire à sa mère, sinon il reste avec la face d'un putain de mur ! »

« non seulement c’est une tête de mule qui n’écoute rien et n’en fait qu’à sa tête, mais en plus il est déterminé ! un chien qui ne lâche pas son os, voilà ce que c’est ! je me rappelle, il y a de cela quelques années maintenant, nous avions décidé de vandaliser la façade du commissariat de la ville, à coups de graffitis et de projectiles - sauf que james, c’est un putain d’anti flics cinglé ; on avait beau lui dire « le fait pas, le fait pas ! » que dall, il l’a fait : il a balancé un cocktail molotov et a fait péter la moitié du commissariat - heureusement il n’y avait personne dedans… »

« ce n’est pas le genre grand sourire et flatterie, non, non - il est plutôt du genre calme plat, visage tranquille et voix tiède ; à l’image d’une statue grecque qui inspire le respect ou d’un vieux sage qui descend de sa montagne une fois l’an et devant qui on s’agenouille instinctivement ; oui, james il manipule en inspirant confiance - c’est un génie d'éloquence, du langage et il sait toujours à quel moment il lui faudra placer tel mot ou tel argument ou encore telle métaphore pour vous convaincre et vous amener à agir dans son intérêt ou penser à sa manière. »

« oh j’ai de la peine pour ce petit, vous savez, c’est pas facile de grandir sans père… surtout que sa maman - je la connais bien, elle a été mon élève - elle travaillait énormément, elle n’était donc pas souvent à la maison… j’allais le garder quelques fois ! parce que je suis professeur d’histoire, il me posait sans cesse des questions sur tout un tas de sujets différents - il n’est pas très expressif, c’est vrai, mais il est très curieux et m’a toujours écouté avec un grand intérêt et beaucoup de respect ; c’est un bon petit ! »

« ce n’est pas quelqu’un qui a des facilités pour se lier d’amitié - c'est sa manière particulière de se protéger ; il se fiche pas mal de ce que les autres pensent de lui ; il se suffit à lui-même et n’éprouve pas le besoin d’être entouré, aimé, détesté, envié, adoré etc. - en résumé c’est un nuage flottant dans d’autres cieux que les nôtres ; ce n’est pas donc une solitude à plaindre, il l’a choisi et l’entretient… à l’exception de sa mère et de la vieille avec qui il cohabite, je crois que personne d’autre compte ? »

« il n’a pas peur du danger, c’est le moins qu’on puisse dire ! toujours le premier à vouloir explorer des sites réputés hantés, des forêts denses et sombres ou des maisons en ruines ; c’est qu’il est friand de sensations fortes, accro à l’adrénaline… cependant, son courage s’étend à tous les domaines ! que ce soit pour défendre la vie d’une personne qu’il apprécie en risquant la sienne ou affirmer une opinion ou encore prendre part à une bagarre dont il a très peu de chance de s’en sortir vainqueur, qu’importe - il fonce. »

« quand on grandit dans la crasse, quand on compte les centimes avec autant de soin qu’on met à compter les mouches mortes sur le rebord de sa fenêtre, on a pas trente six chemins d’avenir qui s’offrent à nous ! james, lui, déjà môme, il rêvait de mener la grande vie ; aujourd’hui, c’est du pouvoir qu’il veut, la liberté d’entreprendre et d’agir comme bon lui semble - avec ou sans les lois ; c’est pas pour se faire un nom, c’est pas pour faire jaser l’élite sociale - c’est pour lui, uniquement pour lui, pour son propre plaisir »

« pas particulièrement fan de la violence à proprement parlé, disons plutôt qu’il a grandit avec et s’en est faite une amie, une alliée, un outil pour se protéger ; il se bat beaucoup - plus solide qu’un clou de cercueil, plus agile qu’un singe, mieux vaut pas l’emmerder… avouons qu’il éprouve tout de même du plaisir à cogner, à dégainer les poings : pour l’adrénaline, pour ce sentiment unique et singulier qui vous fou la cervelle en vrac et le coeur en charpies - se sentir diablement vivant, se sentir prêt à imploser, prêt à ravager le monde ! »