❝ they judge me like a picture book,
soon you'll do it too. ❞

(ishee -- avril 18".)
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aide-moi, suhee.
je t’en prie, viens me chercher,
j’ai besoin d’aide, je veux rentrer.

je suis désolée, su--
fin du message. bip. bip. bip.

et ça éclate, quelque mille couleurs dans ce ciel ombragé –
et ça explose, comme le myocarde dans la poitrine –

et de ses pulpes tremblantes s’échappe un lourd soupir,
de ceux retenus silencieusement, toute la journée durant. main abîmée par l’entretien des bains délicatement passée dans la chevelure corbeau – l’enfant solaire se lève de son trottoir, pupilles abyssales cherchant le réconfort, réponses dans la nuit noire – lune es-tu là ? mon ami ne l’est point, peux-tu m’aider ? brise légère jouant malicieusement dans les boucles sauvages, l’une d’elle caresse l’épiderme de ce visage poupée que l’on rêve de voir pleurer – légère chatouille qui fait froncer le nez et le sourire illumine le visage –
l’enfant a sa réponse ;
qu’importent les maux ; l’amour réside encore.

et le désolée sonne –
comme un doux baume au cœur, quelque chose d’attendu.
le désolée résonne –
comme une douce mélodie incessante dans l’esprit d’une enfant en manque.


et le naufrage en plein sauvetage –
la vision troublée par tant de silhouettes, petite ariel des temps modernes se sent paumée dans cet océan d’individus – silhouette féminine se glissant avec maladresse entre les corps, elle cherche du regard l’amie à sauver. la musique résonnant si fort dans les tympans, elle prie pour ne pas perdre l’audition dès la sortie gagnée. et suhee, elle prend peur lorsqu’elle cherche, mais qu’elle ne trouve pas l’amie, le moteur essentiel à sa survie qui s’entrechoque dans la poitrine chaque fois que son regard semble trouver l’illusion de cette fille –
elle s’inquiète suhee, l’imagination qui déborde sur le sort de cet enfant – pensée envahie de supposition, des et si à s’en bouffer l’âme et l’existence –

et si elle était arrivée trop tard ?
et si quelque chose lui est arrivée ?
et si.
et si ?

mais l’abandon n’est pas à envisager, elle ne sortira pas de cet endroit sans l’amie au bras. sans qu’elle ne sache qu’elle est de nouveau en sécurité.
mais le cœur aimant est trop passionné pour cet environnement – et c’est lorsqu’une main attrape son bras que suhee en paie l’effroi. poupée manipulée tel un chiffon, la gamine se voit attiré par les mains de la bête dans la tanière – et sonne les protestations qui se perdent dans l’espace. l’enfant solaire qui se voit ternis par la haine gratuite de quelques nuages effroyables.
regardez ce que j’ai trouvé ? et suhee, elle tente de se débattre – poigne trop douloureuse autour du bras qui ne semble pas dans l’optique de la libérée. les rires fusent à la manière des cris de quelques hyènes – et suhee, elle reconnaît les visages. amis de longues dates, ceux d’un passé maintenant volé pour quelques billets verts tâchés. et il y a ce visage –
et suhee, elle sent son palpitant s’arrêter. l’amie n’est pas en détresse, juste complice d’un lynchage à venir. et elle inspire – bouffée d’air saturée par les odeurs de cet endroit qui lui donne la nausée. je pensais que .. mais elle n’a pas le temps de finir qu’une main se redresse, coupe la parole. les mots qui se meurent dans le cœur tiroir. elle est prise au piège. et elle se bouffe les lèvres suhee – le bras est enfin relâché, mais elle n’a aucun moyen de s’en sortir.
serre la mâchoire, arbore cette élégance à claquer, cette beauté a brisé. même lorsque la vie s’acharne sur l’ivoire – elle reste belle à en éblouir. et suhee, elle souffle doucement lorsque les insultes et les moqueries commencent à fuser ; des rengaines, des ritournelles, celles qu’elle n’entend plus tant elles sont vieilles.
elle s’arme de courage, même lorsque son père est évoqué, bafoué, sali à coup de mépris. et suhee, arbore l’insolence de celle qui tient bon, les poings fermés, elle sert si fort que des petites lunes de sang creusent les paumes de ses mains.
libérée de toutes pensées, elle maintient le regard dans le vide.

et le désolée qui s’envole,
et le liquide ambré odorant qui lui explose au visage –
vague d’alcool, vague déferlante ; la vague à l’âme ; elle ferme les yeux, pleure des larmes d’alcool. les lèvres qui se pincent tandis que les oreilles saignent aux mots balancés avec fierté. l’audace d’une jeunesse dépravée, pourrie jusqu’à la moelle –