enfant souriante, enfant joviale, poupée magique
     
Elle était née dans cette belle et vielle famille qu'était les Kim. Nom porté par près de la moitié des personnes de Corée du Sud, Pourtant, chez ses personnes qui venaient de lui donner la vie, ce nom était presque sacrée. Ces Kim étaient particuliers, riches. Maître d'une grosse filiale multinationale implantée sur Jeju, Filiale qui s'était transmis depuis trois générations de père en fils. Son père était le PDG actuel, le chef. Le grand patron. Elle était sa première née, celle qui était sensée être un garçon. Mais elle était une fille et dans cette famille traditionaliste, cela sous-entendait qu'elle devait faire un bon mariage, qui amènerait honneur et profit. Mais si les choses avaient put être si simple... L'accouchement avait été difficile pour la femme de cet homme froid qu'était le géniteur de Soo Min. Jamais, elle ne pourrait redonner la vie. Cette petite fille, tout juste née, était donc l'héritière de ce grand empire. ce qu'elle en pensait ? Peut-importait, elle serait élevé en conséquence.

Pourtant son enfance fut douce. Sa mère veillait et même si son père était strict, lui en demandait beaucoup pour son jeune âge, Soo Min ne pouvait que sourire. Sa génitrice veillait sur elle comme un ange, toujours douce, toujours souriante. Elle était le soleil de sa vie, celle qui la faisait rire aux éclats. Le soir, c'était elle qui lui racontait une histoire, posant un doux baiser sur son front. C'était toujours elle qui lui offrait de tendres marques d'affection. Pour Soo Min, sa mère était son modèle. Même devant son père, froid et sévère, son sourire ne s'amenuisait jamais. Elle était une princesse, la princesse de sa mère. Elle était innocente et douce. Naïve et adorable même sous le regard dur de son père, qu'elle voulait faire sourire en racontant ses histoires fantastiques. Pourtant ses moments d’innocence, ces moments de tendresse devait avoir une fin.

        Poupée aux yeux vide, poupée sans sourire
C'était un jour comme un autre, ce jour qui changea tout pour elle. Il faisait beau, sa mère avait décidé de l'emmener loin des obligations que lui imposait son père. Elle n'avait que neuf ans et pourtant, son père demandait d'elle tellement. Le poids de l'avenir de la société familiale pesait sur ses épaules, elle devait en être l'héritière parfaite. Elle faisait tellement pour plaire à son père, cherchant juste une lueur de fierté dans ses yeux, cherchant une lueur d'amour dans les yeux durs. Mais cela se soldait souvent par un regard comme les autres. Si sa mère aimait son père, elle n'était pour le moins, pas en accord avec sa façon d'éduquer son unique fille. Alors, dès qu'elle le pouvait, elle emmenait sa fille, sa petite poupée, dehors, prêt de la mer, se promener, courir, partager avec elle. Soo Min adorait ses moments privilégiés avec sa mère. Elle pouvait y être libre, loin de ce que lui imposait son géniteur. Elle pouvait recevoir de l'amour. Pourtant, ce jour-ci, tout changea pendant qu'elles allaient toutes deux à la plage. Elles avaient prit la voiture, conduite par un chauffeur. Elles parlaient tranquillement quand un bruit assourdissant explosa alors que tout se faisait noir.

Quand elle ouvrit de nouveau les yeux, Soo Min ne comprit pas pourquoi elle se trouvait allongée sur un lit, dans un environnement blanc. Ni pourquoi un homme qu'elle ne connaissait pas se penchait sur elle, lui demandant comment elle se sentait. Mais elle, elle n'arrivait à penser qu'à sa mère, sa douce génitrice. C'est elle qu'elle appelait quand on lui dit qu'elle venait de passer quatre mois dans le coma. C'est toujours elle qu'elle appelait quand on lui expliqua qu'elles avaient eu un accident, qu'une voiture avait percuté la leur. Et s'est encore elle qu'elle appelait à s'en déchirer les cordes vocales quand on lui apprit qu'elle était la seule survivante de l'accident, que sa mère était morte. Elle ne pouvait que répéter le nom de la femme qui lui avait donné la vie, qui lui avait offert tant d'amour, que le répéter dans une litanie de plus en plus faible, à mesure que ses sanglots disparaissaient. Elle ne pouvait plus que pleurer en silence, en comprenant qu'elle était partie, qu'elle ne reverrait plus sous doux visage.

Le lendemain même de son réveil, son père se présenta. Il était fidèle à lui-même, dur, froid. Soo Min, elle avait tenter de chercher du réconfort prêt de lui, de trouver une information sur le visage stricte face à elle de la souffrance que provoquait la perte de sa femme. Mais il était comme d'habitude. De la même voix dure, il lui dit qu'à présent que plus rien ne gênait son éducation, il n'attendrait d'elle pas moins que l'excellence. Elle serait l'héritière parfaite, l'héritière docile et ça commençait dès le lendemain, lors de l'enterrement de sa mère.

Le temps que dura la cérémonie et l'enterrement, Soo Min fut forte. Bien qu'encore en fauteuil, elle resta stoïque, à l'image de son père. Mais dès que le soir fut arrivé, que la nuit l'enveloppa et qu'elle fut seule, elle ne put que fondre en larmes. Assise sur son lit, ses jambes ramenées contre elle, elle étouffait ses sanglots dans ses bras, pleurant la vie qu'elle avait auparavant, pleurant la disparition de celle qui n'avait fait que l'aimer. Sa vie allait changer, elle le savait. mais elle ne savait pas si elle serait assez forte pour le supporter.

   poupée silencieuse, marionnette à vendre
Soo Min était silencieuse, comme on lui avait appris ces dernières années. Elle était à table, face à son géniteur. Parce qu'à ses yeux, l'homme n'était pas son père, juste un homme froid et sévère qui ne demandait qu'une chose : qu'elle devienne la parfaite héritière pour reprendre la société familiale. Pour ça, elle avait été « éduqué » comme il fallait. On lui avait apprit à rester à sa place, à sourire doucement, à être docile et ce, peut importe la personne en face. On lui avait apprit à travailler, à être parfaite peu importe le domaine que ce soit les bonnes manières et sa tenue en société comme dans les études d'économie qu'on lui forçait à faire. On le lui avait apprit et elle avait comprit qu'elle ne pouvait se permettre de dépasser les barrières. Aujourd'hui encore, elle devrait se conformer à ce qu'on lui disait. Même si ses mains se contractait sur les couverts en argent alors que son géniteur lui expliquait qu'elle était à présent fiancé à l'héritier d'une autre grosse entreprise de Jeju, qui ne ferrait qu'accroitre le pouvoir de la filiale Kim. Un homme qu'elle ne connaissait que de nom et de réputation, qu'elle savait froid, autoritaire et volage. Un homme dont elle ne serait que la poupée, comme elle était la poupée de son père. Mais elle n'avait rien dit, était restée silencieuse. D'un doux sourire, si ressemblant à celui de sa mère, elle avait répondu qu'elle ferait son devoir. Dans un an, elle serait marié à cet homme.

Pourtant, quand elle s'était réfugié dans l'appartement que payait son père, elle avait pleuré. Elle avait pleuré de ne plus avoir de choix. Mais en même temps, le vent de la rébellion avait commencé à soufflé. Cela faisait quelques temps déjà, qu'elle allait contre son père, dans l'intimité de ce lieu qui était le sien. Qu'elle se donnait dans sa passion, la mode, qu'elle créait des pièces. Anonymement, elle tenait un blog consacré à ça, sous un pseudonyme, un blog ou elle soufflait dans ses mots, la colère qu'elle pouvait renfermer face à son statut, face à ce qu'on attendait d'elle. Ce soir là, elle avait pleuré en serrant son médaillon renfermant une photo de sa mère et elle. Mais jamais elle ne risquerait d'aller contre ce qu'on lui imposait, jamais elle ne serait assez forte pour ça. Sa voix ne serrait que silencieuse, par les mots qu'elle pouvait laisser sous le pseudonyme de bird flower sur son blog. Elle se le promettait, si en apparence, elle restait une douce poupée, dans l'intimité de ce qui était son sanctuaire, peut-être qu'elle serrait plus une poupée de feu.