et dans sa tête, c'est la tempête - et dans son cœur, loge la peur. miseok, cet homme auquel on offrirait si aisément le « oui » dans un murmure audacieux, troublé par son faciès merveilleux, son manque de courage qui en devient presque tendancieux. sina, le typhon qui n'encaisse que les « non » ; gamine de feu, de vent, de terre et d'eau - des quatre éléments, celle qui en devient fléau. alors, parfois, lorsque le soupire rêveur écorche ses lèvres roses, elle se surprend au songe d'un « peut-être » qui, souvent, la rendra morose. et, lorsque ses pensées s'égarent à dessiner son visage, le palpitant s'affaire à faire carnage - ça n'est pas de l'amour, ça ne ressemble pas aux sentiments : c'est de la passion, le besoin d'être sienne à chaque instant. mais miseok est brouillard, fumée - et à peine a-t-elle le temps de le saisir, qu'il est déjà loin et évaporé.

poupée de feu aux prunelles miroitantes ; les pupilles se dilatent d'une joie éphémère - si intense, si sincère, si désolante. et lorsque le corps de l'ingénu se dessine sous ses orbes félines, gamine s'éparpille, s'envole et s'éclate en rêves moins sages qui diaprent ses joues d'un bordeaux pâle, d'un rouge coquelicot fané. il est la saveur étrangère d'un pays pourtant fermé, un son fluet à peine sifflé et pourtant un orage chantonné ; emporte dans sa course calme les effluves de promesses qui le sont moins ((et, lorsque sous ses astres ternes, la gamine s'embrase, elle imagine la saveur que sa peau de hâle lui réservera au passage des baisers nichés)). mais miseok est un songe lointain à qui elle voue ses jours, ses nuits et, peu à peu, l’existence qui l'éteint. à la façon d'une cigarette criminelle, il est de ceux qui consument, consument et s'envolent - sans en avoir la moindre idée, pas même une once. alors sina s'assagit pour la première fois bien qu'en son cœur, typhon fasse carnage ; garde ses sourires les plus simples, ses mouvements les plus souples - son espièglerie bien contenue. le baiser claque sur la joue, les ongles taquinent l'épaule, mais les mots sont simples, ne dévient pas ((surprise)). « certes, mais tu étais en droit de refuser l'invitation. je ne t'en aurais pas voulu, je comprends bien qu'il y a certains aspects de ma personne qui... te déplaisent légèrement. » et sina, gamine ardente, étouffe le gloussement contre la paume de sa main ((et ses jolies pommettes qui se relèvent lorsqu'elle pouffe, et ses belles lèvres qui s'éclatent en un rire vrai)). sina, bien trop vraie pour se perdre en faux semblants, et face à cet égérie des glaces, petit prince des neiges, éternel stalactite, elle prend bien vite place - la chaise supporte son maigre poids - ses coudes et ses paumes, son visage ((et ses yeux charbonneux, eux, ne supportent pourtant pas cette vue trop tentatrice pour qu'eve ne souffre de résister ainsi)). alors elle souffle, du bout de ses lippes rosées - passe son ongle coloré sur son croissant de chair inférieur dans un mouvement séducteur. « tu es beaucoup trop impatient, miseok-ah. prend au moins le temps de commander, non ? »

elle se joue de cette homme avec l'aisance dont il joue d'ordinaire avec son cœur qui lui est offert. et l'enfant-feu se redresse, époussette son haut ; remet en place quelque chose qui la dérange. souffle, à demi-mots : « s'il vous plait, un café latté bien chaud ». et elle se fait violence, la poupée, pour ne pas trop l'insupporter, pour se faire accepter, ne serait-ce que cette éphémère éternité. « comment vas-tu aujourd'hui ? tu m'as l'air bien tendu. c'est moi ? tu regrettes d'être venu ? » et alors le masque tombe, la moue se dessine, les sourcils s'affaissent et à son visage de porcelaine se peint l’inquiétude - la peur de l'ennuyer ((l'ennui, le vrai)).