Pauvre ordinateur… Je m’évertuais à réparer une machine d’un autre temps, qui plus est maltraité par ses propriétaires. Le plastique maculé de bosses et de poussière témoignait du mauvais traitement qui lui était infligé. Et qui appelait-on lors de problème récurrent suite à des coups incessants ? Les ingénieurs de la SII qui se déplaçait avec une joie non dissimulée sur les lieux pour tenter de redonner vie à du matériel pour la majorité obsolète. « Vous pouvez faire quelque chose ? » « J’ai ajouté quelques nouvelles ramettes dans le disque dur, mais je pense que les mises à jour de l’OS l’alourdissent…. Il faudra changer le Bios et donc l’unité centrale si vous voulez qu’il fonctionne correctement. » « Et en langage humain ? » Le soupire m’échappa, bref et discret néanmoins, il trahissait l’agacement du manque de volonté latent qui me faisait face. « Cela veut dire qu’il faudra changer d’ordinateur ou changer le disque dur de celui-ci. » L’agacement étira ses traits, et le rouge s’empara du visage de l’homme qui refusait de voir la réalité en face. Mais s’il était si sûr de lui, pourquoi m’avait-il appelé ? Si la question paraissait idiote, elle naissait d’une véritable réflexion dans mon esprit parfois embrumé. Il savait, non ? J’avais pu déceler dans son regard cette lueur de certitude qui avait éclairé brièvement ses onyx, disparaissant aussitôt derrière la colère d’une réalité devant laquelle lui seul était imperméable. « Je n’ai pas les moyens de rééquiper ma boutique … » lâcha-t-il avec rage. « Nous avons un service qui pourrait vous aider à ce sujet, pour financer vos projets. » Je lui tendais la carte officielle de la société qui avait eu la bonne idée de m’envoyer et sans plus tarder, je prenais congé en m’éclipsant du local poussiéreux. Regagnant la foule des coréens qui pressaient le pas dans le centre commercial, je pris un instant pour m’assurer avoir fermé le sac qui débordait de pièces électroniques en tout genre. La caisse à outils du parfait technicien. Et ce fut à ce moment que le destin décida de me jouer le plus mauvais tour, ce fut lorsque je relevais le regard nonchalamment sur les visiteurs qu’il glissa sur elle. Instinctivement, mes doigts s’arrêtèrent de pianoter sur la glissière, mon cœur aussi s’interrompit. Il loupa un battement alors que je me laissais hypnotiser par ce visage que jamais je n’aurais cru revoir. Je la vis s’avancer pour me dépasser sans m’accorder une seule seconde d’attention. Je la suivais du regard alors qu’elle prenait place à la terrasse intérieure d’un café bondé, et je fis la chose la plus ridicule au monde : je m’asseyais sur le banc le plus proche de moi, simplement pour l’observer, pinçant le muscle de ma cuisse en priant pour que ce ne soit qu’un rêve. Pour qu’elle ne disparaisse enfin et que ses traits cessent de me hanter. Mais rien ne fonctionnait. Elle demeurait assise, devant mes yeux écarquillés. In Ha…. Néanmoins si la ressemblance était frappante, si elle réduisait mon cœur en charpie, je ne pouvais que remarquer ses joues autrement plus remplies. En dépit de sa silhouette fine, elle me semblait déjà bien plus pulpeuse que celle que j’avais côtoyée durant tant d’années. Mes perles sombres ne parvenaient à se défaire de ce spectacle et mon esprit ne semblait plus apte à émettre aucune réflexion sensée, si bien que je me laissais guider par les souvenirs pour m’asseoir à mon tour à une table du même café, profitant de cette nouvelle proximité pour lui couler quelques regards et contenter une mémoire qui se languissait d’elle. « Bonjour, vous souhaitez commander ? » « Oh, euh… un… un chocolat chaud ! » Un choix enfantin, mais qui trahissait habilement cette personnalité à mi-chemin de l’homme que je devais être. Si le serveur avait interrompu mon exercice, je croisais les prunelles de celle qui avait attiré mon attention lorsqu’il libéra mon champ de vision. Aussitôt, mais avec la plus grande peine, je détournais les yeux. Espérant tout de même pouvoir admirer cette moue si proche de la sienne.

La glace qui continue à être malmenée par des lames qui produisent un son particulier, tel était ton quotidien, même chez toi. Car oui, si une patineuse, riche qui plus est, n'avait pas sa propre patinoire où irait le monde? Et ses regards qui te demandent toujours plus, tu soupires un peu avant de quitter le rectangle de glace qui promet monts et merveilles aux autres te faisant vivre l'enfer. C'est bon, tu en avais eu ta dose. Tu avais joué les bonnes fifille devant ta mère et ton père. Tu avais répété le même mouvement des centaines de fois et tu avais réussi à avoir un "pas mal". Il était temps pour toi de changer d'activité. " Où est ce qeu tu vas Ae Ra? Recommence, j'ai vu que ton pied partait légèrement sur la droite. " lança ton entraîneuse alors que tu avais déjà mis les protections à tes lames tu marchas vers ce vestiaire qui n'accueillais que toi, toi et ton esprit embrumé. " Il me semble que la perte des mois quand j'étais en hôpital ne vous a pas servi de leçon. J'ai besoin d'une pause. Si vous ne me la donnez pas, j'irai la chercher. " Son regard était dur mais elle soupira et te fit signe d'y aller te laissant alors l'immense honneur de finir de bonne heure ton entraînement. " Repose toi, mets de la glace sur ta cheville" . Alors elle l'avait remarqué ? Cette douleur qui te faisait légèrement pencher ? Tu te stoppas ton corps restant droit par des années d'éducation et de sport, de danse de maintien. Elle l'avait remarqué mais elle continuait. Elle ne tenait pas à toi au point de frôler la blessure et perdre sa médaille? Un sourire en coin te prit alors que tu te dirigeais vers ces bancs et ces casiers dans lesquels tu rangeais ton équipement avant de monter pour prendre une douche dans ta propre salle de bain. Etre riche et ses avantages. Qui voulait ta place ? Tu la donnais volontiers. Après une bonne douche qui détendit tous tes muscles. Après avoir soupirer une bonne dizaine de fois d'une fatigue qui te prenait tu sortais et t'habillait. On aurait penser que tu te faufiles dans tes draps et pourtant prenant ton portable, des écouteurs et une veste tu te dépêchas de descendre les escaliers pour sortir en douce par la porte de la cuisine. Quittant assez vite la propriété au pas de course tu souriais enfin en voyant la grille derrière toi.
Les écouteurs se vissant dans tes oreilles tu pris le chemin du centre commercial. Une fois à l'intérieur tu semblais redécouvrir ce que vivre voulait dire. Ton sourire était léger alors que tu arpentais les couloirs bondés. Les boutiques ne t'appelaient même pas, mais cette odeur particulière de café et de sucre mélangés t'amena à traverser ce grand hall pour le rejoindre. Et où ta présence avait été remarquée, tu ne prêtas attention à personne tes pas t'emmenant à la terrasse rythmés par une musique entraînante qui résonnait dans tes oreilles. Tu ne le vis pas plus en passant à ses côtés avant de t'installer à une table enlevant tes écouteurs pour les poser sur la table. Tu ne remarquas pas ce regard désespéré qui se posait sur toi épiant ton sourire, tes lèvres qui bougeaient pour commander un thé glacé, et même ce geste de ta main qui passa dans tes cheveux pour les remettre en arrière. Remettant un écouteur ton pied bougea en rythme tapant doucement le sol alors que tes yeux regardaient la vie qui se jouait ici. Des familles, des couples, des amis. Était-ce si exceptionnel pour que jamais tu n'y sois allée que seule pendant une sortie non autorisée? Posant ton menton sur ta main tu regardais les scènes les plus drôles comme les plus désolantes se passer sous tes yeux. Et comme toujours, tu n'étais que la spectatrice. Ce n'est qu'à la voix du serveur qui t'apportait ta boisson que tu sortis de tes pensées en le remerciant prenant une gorgée. Rapidement tes pupilles se levèrent sur une silhouette qui semblait t'appeler. Quand on fixait les autres il y avait cet effet étrange qui se produisait. Et lors de ces quelques secondes où ton regard croisa le sien, tu eus l'impression de l'avoir déjà vu quelque part. Ce qui te forças à détailler un peu plus sa personne plissant le regard d'une manière peu discrète avant de détourner celui ci ne voulant pas l'oppresser. La musique redevint ton occupation numéro une bien que ton regard revenait de temps à autre sur ce jeune homme au regard envoûtant et connu.

Les minutes s’écoulèrent, longues et interminables le regard toujours perdu sur ce visage que je connaissais si bien. Mais elle n’était pas là ? Ce n’était pas elle, n’est-ce pas ? Mon esprit rejoua la scène la plus dure de ma vie, je me voyais de nouveau lui offrir un peu de répit avant de continuer seul… Mais les images étaient floues, masquant l’épreuve à laquelle j’avais dû faire un choix. Je ne pouvais pas imaginer que ce soit elle, je refusais l’idée même d’avoir pu grandir sans elle, et pourtant. C’était fascinant. Je la voyais pour la première fois évoluer dans un environnement public, loin de ces quatre murs abîmés et moisis. J’aurais pu passer le reste de ma journée à détailler ces pommettes rose, ses lèvres pleines, ses yeux perçant mais concentré sur une boisson qu’elle dégustait doucement, ses fines mains qui attrapait la porcelaine avec grâce… j’aurais pu, mais mon téléphone me fit sursauter et m’arracha à la contemplation d’un fantôme. « Oui ? » « Jung Hoo, ta prochaine intervention est annulée, reportée à demain matin. Tu peux rentrer chez toi gamin ! » Une nouvelle qui m’attristait. « D’accord, merci Boss ! » J’aimais mon travail, et il me permettait surtout d’oublier. De me plonger dans un monde virtuel et bien plus simple à comprendre que la mécanique humaine. Rangeant mon téléphone, je relevais le nez vers elle… mais la table avait été désertée. La peur me prit soudain, me retournant l’estomac, distillant un venin familier dans mes veines alors que je me levais soudainement. Je tentais de scanner la foule parfois dense qui pressait le pas dans le centre commercial, mais ne parvenais pas à la retrouver. C’était surement une hallucination idiot ! Il me fallut quelques minutes pour ramener le calme à l’intérieur d’un corps encore torturé, et retrouver ma place. Néanmoins, je n’avais plus aucune raison de rester et je m’empressais de finir ma tasse avant de quitter le café. Je n’avais aucune idée de comment occuper le reste de ma journée, aussi errais-je dans les allées avant de soupirer pour finalement regagner la sortie. Et le destin décida de frapper une nouvelle fois alors que je la voyais de nouveau passer devant mes yeux. Impossible… Je tentais de me raisonner, de me frotter les yeux, de me pincer, mais elle était toujours devant moi, s’éloignant avec un but similaire : sortir du bâtiment. Les muscles liquéfiés, j’hésitais… une fraction de seconde seulement avant de lui emboité le pas. Je la vis pousser les lourds battant en verre et s’arrêter devant la pluie diluvienne qui inondait la ville. Elle était juste là, à portée de main, si proche et pourtant si loin. Je devais sûrement passer pour un homme particulièrement étrange, mais je m’en fichais. Elle était là. Le premier pas fut le plus difficile à amorcer, mais il appela aux suivants et par automatisme, je me rapprochais d’elle jusqu’à sentir son parfum. Avec douceur, je la fis se tourner avant de l’enlacer. Je ne pus m’empêcher de l’entourer de mes bras dans lesquels elle semblait toujours si frêle. Néanmoins ravi de ne plus sentir juste sa maigreur, je me permettais cette familiarité qui m’avait tant manqué. « Tu m’as manqué… »

Le temps filait tout comme la jeunesse qui perdait son éclat. Tout passait à une vitesse folle et face à ta tasse, face aux gens qui vivaient normalement dans ce centre commercial, face à ces couples  en pleine rupture ou en total amour fou, tu te rendais compte que le temps avait passé. Combien de temps avais tu passé à regarder les autres ?Combien de personnes avaient construit une vie pendant que tu regardais la tienne se jouer devant tes yeux ? Cela faisait trop longtemps et ce simple liquide suffisait à te faire éprouver une certaine satisfaction. Tu ne cherchais personne dans le trait d'un autre, tu ne posais même pas ton regard sur des inconnus en essayant de reconnaître une tête connue, tu savais que tu ne verrais personne. Rare étaient ceux que tu avais côtoyé et encore plus ceux qui se promenaient dans ce genre d'endroit bondé et "bon marché". Le monde était une étrange machine qui donnait l'importance à une chose sans qu'on comprenne vraiment pourquoi. Oubliant la simplification de ta passion par l'argent, tu ne comprenais pas en quoi ces billets avaient de l'importance. Des vêtements toujours plus onéreux, des accessoires montrant un luxe virulent qui donnait presque l'impression de prendre toute la place. Ce n'était que matériel. Beaucoup auraient trouvé tes paroles risibles, prétendant que tu n'y connaissais rien car tu avais tout. Et pourtant il te semblait manquer le plus important. Tu voulais les sourires sur ceux que tu aimais, tu voulais sentir ton coeur battre pour les autres, tu voulais te battre pour une cause qui t'était propre, tu voulais vivre comme tu l'entendais. Le liquide fini tu te levas ayant déposer le prix de la boisson sous la coupelle, un dernier regard envers ce brun dont le regard avait croisé le tien et tu te remets en route. Tes pas t'emmenèrent de nouveau un peu n'importe où, sans but, sans mission, juste par leur propre moyen, sans que tout ceci n'ait été décidé par un tiers. Et ton sourire semblait poindre alors que tu passais à côté des enseignes préférant contempler l'architecture. La musique venant envelopper ton être tu décides pourtant de partir. Comme hors de ce monde tu te sentais de trop. Comme ne trouvant pas ta place tu te sentais perdue. Le temps était donc écoulé. Si tu cherchais à comprendre, à voir le plus de choses tu te retrouvais bien démunie seule dans ces endroits pourtant symbole de plaisir. Mais cette courte pause t'avait fait grand bien et te suffirait donc pour aujourd'hui. Poussant un battant de la porte tu peinas à sortir pour finalement stopper ton élan. Une pluie torrentielle s'abattait devant toi t'empêchant de faire un pas alors que tu soupirais doucement levant ta main pour la laisser se faire tremper. Peut être devrais tu attendre un instant, ou te foutre de tout et parcourir ce chemin à pied, sous une pluie qui ne saurait te faire du mal. Tomber malade ? Ton sourire en coin à l'évocation de cet argument prouvait qu'il était erroné. On ne peut rendre malade que ce qui est sain, et tu es loin de cette image qu'on te donne. Levant le pied tu allais faire le premier pas pour rentrer sous cette pluie peu importe les conséquences, peu importe les avis quand tu sentis une main sur ton corps. Ton corps tournant dans un automatisme qu'il avait du contrôlé, ton corps se voyant entouré de bras que tu ne connaissais pas tu restais choquée. Sans bouger tu cherchais une réponse qui ne vint pas. "  Tu m'as manqué" Les paroles brisées d'un être brisé, mais que tu ne connaissais pas. La surprise passée tu te détachas de ses bras en le regardant. Ce regard.. tu le connaissais il avait croisé le tien plus d'une fois tu en étais sûre. Et pourtant tu ne le connaissais pas. "Pardon... vous devez faire erreur ...  " Un verdict froid, mais qui te fait lentement se détacher enlevant ces mains qui essayaient de garder un contact avec toi. Ce n'était pas brute, ni glacial, mais manquant simplement de compassion et d'une douceur qui n'avait jamais su comment se manifester.


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Elle était là… c’était forcément elle n’est-ce pas ? Je ne pouvais pas me tromper, je l’avais regardé, épié aurait été le terme plus juste, mais je préférais minimiser mon comportement. Je n’étais pas un stalker. Je n’étais pas de ceux qui harcelaient pour obtenir ce qu’il voulait, non je me contentais de l’observer, simplement gorger ma vue de son visage qui m’avait tant manqué. Je le reconnaissais et pourtant, il me paraissait différent. Mais… c’est normal après autant d’années…c’est normal ! Elle était là, si proche et si loin à la fois. Une table seulement nous séparait et j’eus le malheur de détourner le regard. Une fraction de seconde seulement pour qu’elle ne disparaisse sous mes yeux. Avait-ce été un mirage ? Une hallucination ? Avais-je fait une erreur en laissant tomber les séances de thérapie ? Sans aucun doute, mais aurais-je pu la revoir à cet instant ? Des questions, encore et toujours qui tournaient dans ma tête, et je ne pus m’en débarrasser. Aussi je quittais le café pour arpenter de nouveau les larges couloirs du centre commercial. Une décision assortie d’un véritable coup de chance, ou une simple réponse à mes prières muettes ? Peu importait, mais elle se trouvait face à moi, m’offrant son dos alors qu’elle se frayait un chemin vers la sortie. Je n’avais plus le contrôle de mon corps et me laissais porté par le souvenir, la douleur d’un passé que j’aurais voulu oublier et qui m’avait laissé de trop grandes cicatrices pour que je puisse parvenir à m’en défaire. Alors j’ignorais tout, je me contentais d’avancer vers celle qui avait été ma lumière, mon échappatoire et mon refuge dans cette maison lugubre. La grâce de cet instant tranchait avec mes souvenirs, et malgré le torrent que le ciel déversait, elle ressemblait toujours à ce soleil qui avait éclairé mes nuits. Inconscient, j’approchais d’elle, je m’approchais si près, je volais près de mon astre, et tel Icare, je vins m’y brûler. Enlaçant de mes bras cette silhouette que j’avais apprivoisé, ces courbes que j’avais déjà parcouru, j’échappais dans un souffle le soulagement qui vint détendre mes muscles et apaiser le muscle battant rendu fou par l’affliction de ma mémoire. Je fermais les yeux appuyant mon menton sur son épaule, goûtant un parfum différent de celui que j’avais connu mais… nous n’étions plus dans la maison. Nous n’étions plus enfermés. « Nana… » Les mots glissèrent sur mes lèvres et son prénom caressa ma langue avec une douceur que je n’avais plus éprouvé depuis trop longtemps. Mais le rêve fut brisé. Une erreur ? Comment pouvais-je faire erreur ? C’était elle… c’était son visage. Il me suffisait de m’éloigner un tant soit peu pour reconnaître ces traits fins entre milles. La chaleur qui m’avait enveloppé fut balayée, lacérée par le ton froid et sans appel de mon vis-à-vis, de Nana. Mais je refusais de lâcher ses épaules, les mains fermement accrochées, je plongeais mon regard interdit dans ses prunelles sans compassion. Où étaient passés les souvenirs ? Où était passé la lutte que j’avais partagé à ses côtés ? J’étais persuadé pouvoir la lire dans ses iris, mais quelque chose clochait. « Tu ne te rappelles pas ? C’est ça, tu as oublié ? Ou alors… tu m’en veux ? » La panique me submergeait, mais je refusais toujours de lâcher prise.

Il était étrange comme tout se passait devant toi mais que tu ne voyais rien. Ce regard presque désespéré sur toi alors que tu te baladais enfin un léger sourire te prenant parfois. A cause d'une odeur, d'une scène, d'une liberté que tu trouvais dans les petites scènes du quotidien qui t'étaient interdits. C'était étrange, cette vie que tu ne semblais pas mener. Comme un film dont le personnage principal était toi, alors que tu restais spectatrice. C'était un sentiment déplaisant, dérangeant et vraiment désagréable qui te rendait de plus en plus amorphe. Tu perdais le goût des aliments, l'odeur des parfums et les couleurs de la vie. C'était comme tomber malade sans pouvoir en parler, sans pouvoir se soigner et continuer de contenter une famille, des juges et des professionnels. Et si la pression était douloureuse, écrasante et présente tu prenais quelques temps pour toi, quelques minutes pour te balader et voir comment les autres vivaient. C'était sûrement une bulle, une énorme bulle avec des œillères dans laquelle tu vivais, mais tu n'en voulais plus. Tu voulais respirer de nouveau, tu voulais être comme les autres. Alors ta boisson finie tu reprenais le chemin de la découverte, un chemin que tu prenais un certain plaisir à regarder. Mais la sortie fut très vite atteinte, toute bonne chose avait une fin, toute bonne chose devait prendre fin et tu ne devais pas tirer sur cette corde sous peine de la voir se rompre. Cette corde qui te permettait t'échapper de cette chambre ,cette habitation et cette patinoire qui rythmait ta vie vers un extérieur brillant, parfois un peu triste, parfois un peu plus joyeux. Mais face à toi la pluie avait décidé d'abattre sa fureur et rendait l'ambiance grisâtre, et humide. Un temps lourd pour les autres, agréable pour toi. La pluie, les orages, tu avais toujours aimé ça. Tu avais voulu rester sous cette eau pendant de longues minutes avant de te faire engueuler comme jamais. Ta santé tu devais la préserver. Pas parce qu'ils s'inquiétaient. Mais parce que la performance pourrait en être altérée.Parce que le patin n'attendait pas. Malgré tout tes yeux restaient sur cette pluie qui ressemblait à un rideau d'eau. Un spectacle que tu trouvais magnifique. Alors que tu allais prendre le chemin de ta maison, bravant la pluie en laissant couler l'eau sur ton corps , celui ci fut retenu. Te retournant tu découvris un homme que tu n'avais jamais vu, aux traits pourtant familier , tu ne le connaissais pas et pourtant il semblait que tu l'avais déjà croisé. Cette sensation étrange qui croisait l'inconnu et le familier venait à te retourner le cerveau, l'engourdissant par cette étreinte qui n'avait aucun sens. Le connaissais tu ? Peut être que tu l'avais oublié. impossible. Tu te souviendrais. Tu en étais sûre. Et ce sentiment qui te titillait, ces bras qui t'encerclaient alors que personne n'avait été aussi désespéré de te prendre contre lui, tu semblais perdu. Il soufflait, sûrement soulagé, mais ta mémoire te refusait l'accès à un tel homme. Si certains regards curieux glissaient sur vous, la surprise ayant plissé tes traits laissa place à une expression neutre, une expression ponctuée d'un léger pincement que tu n'arrivais pas à identifier. Peut être parce que cette « Nana » avait une personne qui la cherchait. Alors en t'éloignant tu le regardas, le détaillas, non tu ne le connaissais pas. Mais lui cherchait une fille, une fille te ressemblant. Non tu ne te sentais pas coupable quand bien même ses yeux tiraient dans un désespoir, une tristesse de ne pas retrouver cette même personne. Qui était elle ? Quelle était leur histoire ? Tout ça ne te regardait pas. Et si tu avais voulu être plus compatissante, tu ne l'avais pas appris, te laissant sûrement bien trop froide pour un homme perdu comme lui. " Désolée.. je ne suis pas Nana.. vraiment. Je ne sais pas si elle vous en veut ou.. quoi mais je ne suis pas elle. " C'était presque irritant. Tu étais une personne aussi ! Pas un fantôme qui pouvait se faire passer pour quelqu'un d'autre. Encore une fois tu redevenais spectatrice et tes mains firent lâcher prise à son emprise qui cherchait du réconfort. " Encore une fois. Vous vous trompez. J'espère que vous la trouverez" T'inclinant légèrement tu te tournas de nouveau vers cette sortie. Tu devais rentrer, tu devais revenir à la réalité. Et sans s'en rendre compte ce jeune homme t'y avait ramené. Avançant tu te retrouvas rapidement sous cette pluie diluvienne la laissant couler pour tremper tes cheveux, tes affaires, n'accélérant pas le pas. Tu marchais simplement trouvant un certain réconfort dans cette marche alors que tu voulais atteindre la route la plus proche pour te trouver un taxi.


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