Pretend to be confident even when you are not. Pretend to be brave even when you’re so frightened that all you want to do is run away.  ; Elle attend. Elle se serre du mieux qu’elle peut pour ne pas se faire repérer. Recroquevillée dans sa cachette de fortune, elle guette le moindre bruit. Elle est à l’affut de tout, même d’une ombre. Elle n’a que 5 ans mais elle est habituée à reconnaître ces bruits si particuliers. Elle entend le tic-tac incessant de l’horloge de la cuisine, le vent qui souffle dehors et la pluie qui tombe sur la maisonnette ; mais pas de bruit de pas, ni le son de la voix qu’elle craint d’entendre. En plus, elle a très envie d’aller aux toilettes, et elle se sent confiner, à l’étroit dans ce tout petit espace dans lequel elle est dissimulée. Personne ne peut la trouver. Sa maman lui a bien appris à se cacher. Et alors qu’elle pense à sortir de sa cachette, juste quelques minutes, elle entend, soudainement, les marches de l’escalier qui grincent, le souffle d’une respiration et sa maman qui pleure. Elle a si peur que tout son corps tremble et elle serre contre elle sa poupée en chiffon que sa mère lui a offert pour son récent anniversaire. Et puis, elle les entend. Encore. Ses parents qui parlent, puis qui crient. Des insultes qu’elle ne comprend pas. « Tu n’es qu’une traînée » dit une voix grave, rauque, qu’elle reconnait. Son père. « Tu n’iras nulle part et ne pense même pas à fuir car je te promets de vous retrouver. Toutes les deux. Et je vous tuerai de mes propres mains ». Elle entend alors sa mère qui crie, qui lui supplie d’arrêter.

Avec ses petites mains, elle bouche ses oreilles, pour ne pas entendre les cris qui déchirent la nuit. Elle est encore petite et ne comprend pas tout de la vie mais elle sait ce qui va se passer. Elle sait qu’il va la frapper. Encore. C’est habituel. Quotidien. Il la frappe toujours, jusqu’à ce qu’elle arrête de pleurer, jusqu’à ce qu’elle s’endorme par terre. D’habitude, c’est la voisine qui leur vient en aide, qui appelle la police. Et elle est souvent venue la police, peut-être un peu trop souvent. Mais la situation reste la même. Inchangée. Mais ce soir, exceptionnellement, la voisine n’est pas là. Elle est absente alors elle lui a dit ce qu’il faut faire si jamais ça arrive. Encore. Et ça va continuer encore, elle le sait.

Et puis il n’y a plus de bruit. Juste le bruit de l’horloge. Rien de plus. Même la pluie s’est arrêtée. Peut-être que maman s’est endormie . . . Elle s’apprête à sortir de sa cachette et c’est là qu’elle entend. Ce cri déchirant. « NON » et puis un énorme bang. Un son étrange qu’elle n’a jamais entendu auparavant. Un bruit de fête. Comme les fusées qui vont dans le ciel. Ça a même fait vibrer les murs. Et elle, elle tremble de tout son corps. Elle a envie de pleurer, à chaudes larmes. Elle reste immobile dans sa cachette jusqu’à ce qu’elle entende la voiture qui démarre dans la rue. Il est parti. Elle sort de sa cachette. Et tout est noir mais elle peut se repérer, les yeux fermés. Là, c’est la table basse, les chaises et puis . . . sa maman qui dort sur le sol. Mais elle n’arrive pas à la réveiller. Pas cette fois. Elle l’appelle, la pousse doucement, mais rien ne vient. La robe blanche de sa maman est alors tâchée par quelque chose qui lui colle aux mains et elle réalise qu’il y en a partout, même sur ses pieds. Elle se relève et s’en va jusqu’au téléphone, comme la voisine le lui a appris. Elle compose un numéro qui ne tarde pas à lui répondre. « Les urgences, j’écoute ». La dame a l’air douce et chaleureuse, elle se sent en confiance. Mais elle parle quand même doucement, même si son papa est parti. « Maman ne se réveille pas et papa est parti. Ils se sont fortement disputés. Je ne sais pas si mon papa va revenir mais il a été très méchant avec ma maman ». Elle sent quelques sanglots qui lui montent aux yeux et à la gorge. Et les larmes finissent par couler. Parce que ce n’est pas facile quand on a 5 ans. « Vas te cacher ma jolie, je vais appeler quelqu’un pour venir t’aider » dit la dame en question. Elle hoche vigoureusement de la tête et tente de sécher ses larmes, « oui j’ai plein de cachettes et je suis super fortiche à ce jeu. Vous savez on ne me trouve jamais ! ». Elle raccroche et s’en va se cacher.
     
     
           
   On n'échappe pas aux rêves, et on ne peut pas les laisser sur les draps de son lit quand on se réveille. On peut essayer. Mais ils vous suivent à pas feutrés. Ils respirent, et vous le sentez.  ; Le temps passe et elle attend. Elle attend qu’on vienne la chercher. Ça fait deux ans. Deux ans qu’elle n’est pas retournée sur son île natale, du moins pas définitivement. Elle y est passée, de temps en temps, pour les vacances, retournant rapidement aux USA où sa nouvelle vie l’attendait. Mais désormais elle n’a plus rien à faire là-bas. Sa jambe ne la lui permet plus. Elle s’est blessée et elle ne peut plus danser. Elle qui était pourtant l’étoile montante du ballet. Ses rêves viennent d’être anéantis et elle en souffre, mais elle survit. Comme toujours. Elle chasse ces quelques pensées néfastes et voit leurs visages en approchent, les commissures de ses lèvres s’élevant doucement. Ses sœurs. Elles sont là. Avec les parents. Ils sont venus tous ensemble, comme au bon vieux temps. Elle se sent apaisée et rassurée car ils sont là, pour elle, malgré tout. Elle saute dans leurs bras, bien trop heureuse de les retrouver. « Je suis de retour » dit-elle doucement et pour de bon. Pas que pour les vacances, mais pour la vie entière. Elle va progressivement reprendre ses marques, continuer d’avancer, mais autrement.

     
    She is fire. Fire burns. It destroys. That is its reason for existing  ; Elle est là pour faire entendre sa voix. Une voix qui résonne, et qui se fracasse contre les vagues de l’océan. Elle est la tempête. Une tempête qui fait frissonner. Qui saccage les branches et fait fuir les passants.  Tout s'effondre, chaos, gouffre torrentiel ! Et puis l’éclair jaillit. Lumière éblouissante, effrayante et inconnue.